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aderfp633



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MessagePosté le: Dim Sep 22, 2013 8:19 am    Sujet du message: Par la faute d’un train fou Répondre en citant

Par la faute d’un train fou
« La ville des âmes en peine. » C’était le titre qui coiffait un article de Rémi Tremblay, journaliste à l’Écho de Frontenac, l’hebdo de la région de Lac-Mégantic, lundi dernier. Un titre on ne peut plus évocateur, toujours criant de pertinence une semaine après la dérive d’un train fou, parti on ne sait toujours comment ni pourquoi à vive allure vers le coeur de Lac-Mégantic, y détruisant au passage vies humaines, patrimoine et environnement.Les bureaux de l’Écho étaient situés sur la rue Laval, en pleine « zone rouge », à quelques jets de pierre du cratère laissé par le passage de cinq locomotives de la Montreal, Maine and Atlantic Railway (MMA) et de leurs 73 wagons remplis chacun de 100 000 litres de pétrole brut. On connaît la suite : course folle, déraillement, entrée de front dans un resto-bar plein à craquer pour une première soirée d’été invitant à la fête, au bonheur de chanter, au plaisir entre potes.« La fin de semaine allait être agréable, surtout que la température chaude acclamait le retour de l’été après des jours de pluie », écrit Rémi Tremblay dans ce papier détaillant une sorte de fin du monde,[url=http://www.michael-good.ca]Michael Kors Outlet[/url], parsemé des noms de tous ces gens qu’il connaissait, de toute évidence. « En soirée, le Musi-Café accueillait une masse d’habitués et de nouveaux venus. » Fauchés au début d’une nuit chaude, une cinquantaine de citoyens endormis ou faisant la fête, selon le décompte le plus récent de la Sûreté du Québec et du Bureau du coroner, ont perdu la vie dans une succession d’explosions et un brasier d’une intensité rare.Pourquoi et comment ? Une semaine après cette tragédie dont les Méganticois se remettront, mais à toutes petites doses,[url=http://www.michael-good.ca]michael kors canada[/url], les questions s’amassent, plus troublantes les unes que les autres. Outre la séquence d’événements, que le Bureau de la sécurité des transports du Canada permettra d’éclairer avec son enquête, il y a de tout pour tous dans la malle à interrogations : autant de pétrole en circulation sur nos voies ferroviaires confronte les citoyens à une dépendance énergétique qui n’est pas en voie de s’éteindre. Et la sécurité ? Et l’état des voies ferrées ?La gamme des états d’âmeMais avant de plonger dans ces grands débats de nature politique, environnementale et économique, l’heure est à la reconstruction pour les 6000 habitants de Lac-Mégantic. L’ouverture de la « zone jaune », jeudi, a permis de saisir encore un peu plus en images l’immensité de la dévastation. Des wagons-citernes empilés. Des maisons disparues. Comme les débris qui jonchent la scène de crime vadrouillée par 200 policiers, et qui est analysée au peigne fin à la manière des archéologues pour retrouver dépouilles et preuves, ce sont des couches de détresse qui s’amoncellent sur l’âme des Méganticois.« La vie reprend tranquillement, malgré tout », racontait jeudi après-midi Jean Gauthier, dont la maison de la rue Agnès, de l’autre côté de la rivière Chaudière, offre une vue imprenable sur la ville incendiée. « Je vois du linge sur la corde, j’entends des tondeuses. »Vif contraste d’avec l’impression de ville fantôme des premières heures. Samedi midi, alors que grondaient encore l’immense brasier et sa fumée toxique et noire au bout de la rue Laval, un silence de… mort emplissait la ville. Hormis quelques restaurants devenus des points de rencontre essentiels, et l’école secondaire transformée en refuge d’urgence, la ville aux âmes en peine perturbait le nouvel arrivant par l’anormalité de son calme.M. Gauthier a perdu des amis dans le drame. Lui-même l’a échappé belle : comme des dizaines de ces rescapés du hasard, il était au Musi-Café jusqu’à 19 h, mais a dû retourner au bercail pour terminer un projet - ô ironie, quand tu nous tiens : le publicitaire devait terminer la carte interactive des meilleurs attraits de la région, dont 12 aujourd’hui sont partis en fumée… « J’avais promis à des chums que j’y retournerais vers 23 h, mais j’étais trop crevé. Je suis resté à la maison. » Divine décision. Des récits comme le sien, il y en avait à cueillir au coin de toutes les rues cette semaine.Depuis le balcon de son deuxième étage, Jean Gauthier a vu la ville s’embraser. La vidéo qu’il en a tirée est saisissante. Le « train d’enfer », comme il l’appelle, a arrêté sa course dans sa cour, où la voie ferrée passe depuis toujours, avec tous ses irritants. « Je l’ai dans la face jour et nuit. La nuit, il est éclairé pour la surveillance, c’est tellement lugubre. » Les quatre rangées de maisons qui l’empêchaient de voir l’église ont brûlé. Au loin, des experts de tout acabit dépouillent une scène de crime. On ose à peine y plonger le regard…Ville fantômeLorsque cette opération aussi délicate que nécessaire sera terminée, le retour en ville, où la rue Frontenac et nombre de ses commerces ont été rasés, sera douloureux. « Je ne sais pas comment je vais réagir, ce sera une ville remplie de fantômes. Je veux la voir, parce que c’est essentiel, mais en même temps, je ne veux pas. J’ai peur », dit M. Gauthier, qui comme plusieurs concitoyens, rôdait en ville mercredi pour apercevoir la bouille d’Ed Burkhardt, grand patron de MMA.En attendant que l’on comprenne ce qui a bien pu faire avancer un train tout seul, la ville doit songer à se réinventer tout en procédant à un bilan des morts qui n’est pas terminé - le sera-t-il jamais ? Au cours de la semaine, le vocabulaire de la tragédie a beaucoup changé. Dimanche, lundi, on « cherchait » encore les disparus, une rengaine reprise même par les autorités. La force spectaculaire des flammes et, surtout, l’incapacité totale pour les secours d’accéder au noyau du drame pendant au moins trois jours laissaient pourtant très peu de place à l’espoir. Ce n’est que mercredi qu’on a commencé à parler de personnes « vraisemblablement décédées ». Désormais, les citoyens sont en deuil. Tous ont perdu un membre de la famille, un proche, un collègue ; certains, tout cela à la fois.Dans les rues de la ville, au fur et à mesure que le périmètre de sécurité diminuait et que les occupants retrouvaient maisons et habitudes, on a vu déambuler des intervenants psychosociaux pour offrir du soutien, de tout acabit. De la bouteille d’eau à l’accolade, les besoins sont multiples.L’indicible commence à circuler dans les conversations. Un respect élémentaire commande de ne pas s’aventurer dans cette bulle de douleur. Mais nous avons tous compris, alors que les citoyens se recueillaient vendredi soir en une première veille de deuil, que relever Mégantic est une opération qui vise bien plus l’âme d’une communauté, écorchée ces jours-ci de manière quasi inconcevable, que les murs effondrés d’un centre-ville.***SamediÀ 1 h 14, un train de la Montreal, Maine and Atlantic Railway déraille aux abords du Musi-Café, rue Frontenac, entraînant une suite d’explosions incendiaires et destructives. La première ministre Pauline Marois y voit un immense pan de « désolation ».DimancheAu moins 2000 sinistrés errent en ville, et cinq décès sont confirmés, alors qu’on soupçonne au total une quarantaine de disparus. Le premier ministre Stephen Harper parle d’une « zone de guerre ».LundiLes bilans s’alourdissent : jusque-là, 13 dépouilles ont été tirées des décombres, et les autorités calculent que 50 personnes manquent à l’appel. Les policiers ont enfin pénétré le secteur dit « zone rouge ».MardiL’enquête progresse : le Bureau de la sécurité des transports du Canada dévoile une chronologie des événements et la Sûreté du Québec n’écarte pas la thèse de la négligence criminelle. Quinze décès sont confirmés.MercrediTrès attendu par des citoyens en colère, le président du conseil d’administration de la MMA, Ed Burkhardt, se dit « dévasté » et offre ses excuses aux citoyens. Ce passage attise leur colère. Le nombre de décès atteint 20.JeudiPauline Marois annonce un plan d’aide de 60 millions de dollars pour soulager les sinistrés. Il s’agit d’une première phase. 24 corps sont maintenant retrouvés, dont une première victime identifiée. Il ne reste plus que 200 sinistrés hors de leurs maisons.Vendredi28 décès sont confirmés parmi lesquels huit victimes ont été identifiées. Le Bureau de la sécurité des transports du Canada explique l’ampleur de l’enquête qu’il doit mener, ce qui pourrait prendre des mois. «Nous sommes très loin de ce moment.» Une veille est organisée à la mémoire des victimes.
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