aderfp633
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Posté le: Mar Oct 01, 2013 5:27 am Sujet du message: Des Idées en revues - «Banlieusardisation& |
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Des Idées en revues - «Banlieusardisation» du Nord - Une eau de lac aussi dure que de l’asphalte
La grande invasion, documentaire de Martin Frigon tourné en 2012, veut décrire la phase terminale de la banlieusardisation des Laurentides, celle où les villages et les villageois,[url=http://www.moncler-sale.org]moncler on sale[/url], les camps en bois rond et leurs pauvres héritiers, les maisons à la campagne et leurs hypothéqués,[url=http://www.moncler-sale.org]moncler down jackets[/url], sont pillés et volés par les coureurs de spas, les usuriers de la terre, les agents immobiliers, avec la complicité de maires rompus à l’économie financière, pour qui le bord d’un lac n’est plus un lieu où s’arrêter, s’attarder et peut-être construire une demeure, mais un placement temporaire, dont la valeur économique ne devient réelle que le jour de votre bannissement pour incapacité à payer vos taxes foncières - mais il n’y a que les demeurés pour ne rien comprendre aux joies du capital…Comment en sommes-nous arrivés là ? Le film [de Martin Frigon] ne peut pas (et ne veut peut-être pas) répondre à cette question, parce qu’il lui faudrait alors montrer comment les bannis qu’il cherche à défendre avaient préparé le terrain à la spéculation qui les chasse : ils étaient déjà des banlieusards.Années 1960Tout commence au milieu des années soixante, quand des gens partis de Laval, de Terrebonne, de Repentigny, remontent les « chemins de terre » ouverts par les coupes à blanc, et s’installent au bord des lacs, au fond desquels macéreront encore longtemps les « pitounes » d’épinette noyées. Est-ce la peur de croiser à nouveau la remorque folle d’un bûcheron, et la honte d’avoir frôlé ainsi la mort, « une petite Molson » entre les jambes, qui les poussent à leur tour à tout raser ? Est-ce la nostalgie du comptoir de cuisine mélaminé laissé derrière eux qui les pousse « à mettre ça propre » ? Ou bien s’agit-il de donner une leçon d’horticulture à la nature ? Toujours est-il que, pris de frénésie, on arrache, on rase, on coupe ; on remplit,[url=http://www.moncler-sale.org]discount moncler jackets[/url], on comble, on nivelle : on plane le terrain. Avec pour seul horizon l’impeccable green d’un terrain de golf. Et aujourd’hui, les petits-enfants ou arrière-petits-enfants ont assimilé ce savoir-faire du « quatre roues » : à cinq ou six ans, ils tournent en rond sur le terrain en tirant un vieux sommier. C’est ainsi que désormais on racle et sable ; qu’on nie et dénie.« Mais non, pas du tout ! On se fait une belle vue ! » Ah bon ? Pourtant, il ne s’agit pas de rassembler dans le cadre de sa galerie d’été le miroir du lac, le ciel azuré et le sentier de l’ornithologue. Non, il s’agit de ne jamais perdre de vue ses « engins », tous les véhicules du « grand explorateur » qui a fait deux heures de route pour rejoindre la liberté : les VTT (à deux,[url=http://www.moncler-sale.org]moncler on sale[/url], à trois, à quatre roues) ; le ponton gros comme un paquebot ; la motomarine ; le bateau, qui expose ses « tripes » en caoutchouc sur lesquelles hurlait aujourd’hui le beau-frère. C’est qu’après avoir aplani la terre, il faut encore faire du lac une simple surface de jeu. C’est le parking désert d’un centre commercial qui est maintenant l’unique horizon : le banlieusard de chalet jamais ne se baigne ni ne nage dans l’eau ; il glisse sur l’eau,[url=http://www.moncler-sale.org]moncler outlet[/url], à une vitesse qui la rend aussi dure que l’asphalte.Quant aux plaisanciers indigènes, ça ne faisait pas que fondre sur eux, ça montait aussi en eux, si on s’en remet aux images que propose le film. Du haut de sa galerie sortie tout droit de chez Rona l’entrepôt, René Derouin demande comment on en est arrivé là. Il pourrait le demander à son ami l’épicier : pourquoi son épicerie est-elle devenue une boîte carrée recouverte de tôle ? Et son parking,[url=http://www.moncler-sale.org]moncler sale[/url], on a du mal à croire qu’il n’est pas sur la 117, lui aussi, avec les autres.Québec modernePartant du film de Martin Frigon, on peut donc revoir la géographie du Québec moderne. Pour que les Laurentides soient devenues aujourd’hui l’espace d’une spéculation paysagère autant que financière, il aura fallu que la nature soit réduite aux espaces idéaux de la banlieue : le green et le parking. Il aura fallu « passablement bulldozer » pour satisfaire les commerçants, comme le dit un maire. Bref, la crise de l’aménagement et du logement analysée par Frigon est plus fondamentalement une crise de l’habitation : l’espace devient spéculatif ou banlieusard quand on a cessé d’orienter sa maison en réponse aux vents et au soleil, de placer sa porte d’entrée en contrepoint de la route et de l’antenne radio. C’est en même temps que le banlieusard […] de chalet ne peut plus indiquer ni le nord ni le sud, que le bord du lac n’est plus qu’une superficie, et que le pied carré se réduit à une monnaie d’échange. Ce que La grande invasion montre, c’est que le green et le parking sont en fait des pistes de décollage. Les plus beaux plans de ce film,[url=http://www.moncler-sale.org]moncler down jackets[/url], et aussi les plus mélancoliques, sont ceux où notre regard plane dans une suspension giratoire au-dessus d’un écheveau de voies rapides, de rangées de bungalows, au-dessus de l’épicerie Dufresne et fils de Val-David, des grandes surfaces s’étalant le long de la 117,[url=http://www.moncler-sale.org]moncler outlet[/url], etc. Tous ces plans aériens montrent littéralement que nous avons cessé d’habiter la terre : si nous sommes tous des banlieusards, c’est que nous avons dépassé la terre « pour planer au-dessus d’elle » comme une menace, perdus dans l’abstraction du green et du parking,[url=http://www.moncler-sale.org]discount moncler jackets[/url], « survolant le réel dans le ciel de la fantaisie ».Tous ces plans qui planent et planifient font la preuve que,[url=http://www.moncler-sale.org]moncler sale[/url], s’agissant du développement de la banlieue, et comme le dit bien l’urbaniste Pierre-Yves Guay : « Sky is the limit ! »Des commentaires? 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